Souvent par désœuvrement je flâne dans les sentiers des mes souvenances. Et a chaque fois malencontreusement ce sont les plus affligeants qui demeurent indélébiles.. Le rapport aux personnes est malgré moi soumis à d’intrigantes impulsions, à une sensibilité exubérante, toujours écartelée entre angoisse et plaisir, entre colère et apaisement.
Dans ma mémoire les personnages sont dissociés des lieux Etrangement l’espace géographique est sans importance, voire pénible à cerner, conséquence sans doute du nomadisme éprouvant qu’a vécu l’enfant mais surtout l’adolescent que j’étais. Les odeurs, les couleurs, les gens, sont eux aussi absents. Dans les sentiers de mes errances je ne croise que des personnages, noyés dans un décors gris. Une grisaille à la perception paradoxalement changeante. Elle est limpide et apaisante si j’évoque le personnage de mon père, la référence absolue des valeurs de dévouement, de bravoure mais surtout d’humilié. Elle est envoûtante et mélancolique, tel l’effet d’un émeraude, à chaque fois que je reviens vers une étape précise de ma vie, marquée par la passion, la véhémence, le rêve et l’espoir.
Toujours lié à des personnages, il y a eu de la tristesse mais surtout beaucoup de désillusion devant « l’insipide signifiance de la vie ». J’ai appris à souffrir dans la solitude où le seul rempart contre le compulsif était ma foi. Je suis parvenu, tout au moins je le crois, à me remettre de situations de détresse, situation où non seulement j’ai touché le fond, mais comme dirait l’autre, j’ai même commencé à le gratter. Cela n’a pas été fait sans dommage, au contraire les séquelles sont là, bien visibles, accrochées comme des trophées sur les cimes de la matrice de plus en plus transcendante de mon désarroi.
